Text français en bas de page
The drive-in movie theater — where America’s love of cars and cinema once came together — is slowly disappearing.
I photographed this series over the span of a week during a short vacation in Florida. I had stumbled upon a vast drive-in megaplex that doubled as a flea market by day and, at night, transformed into an arena of multiple screens projecting different films simultaneously. For an immigrant and a New Yorker, finding myself in this place felt like witnessing a quintessentially American ritual.
I took my Rolleiflex 6×6 and tripod out of the trunk and began to work. Shooting on film meant embracing limitations that later became the strength of the series. Setting up a tripod in a drive-in was not easy; at one point, a security guard stopped me, assuming I was making bootlegs. He relented only when he recognized the camera — his father had used one to take family pictures.
Long exposures on film gave the process an improvisational character. I had no control over what was projected on the screens; each frame became an unpredictable collage of time and light. These exposures recorded not only the moving image but the passage of time itself.
These recorded images — recorded time, really — often carry a deep, mysterious feeling, as if the figures or abstractions emerged from a collective subconscious. Intriguing superimpositions of light appear, where faces surface and dissolve in clouds of illumination. Against the cloudy Florida winter sky, a strange continuum was captured — an interplay of sky and screen, where cars recede into shadow and the screens seem to float in a metallic sea.
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La série Drive-In
Le cinéma en plein air — ce lieu où l’amour américain des voitures et du cinéma se rejoignait autrefois — est en train de disparaître.
J’ai réalisé cette série en l’espace d’une semaine, au cours de courtes vacances en Floride. Je suis tombé par hasard sur un immense complexe de drive-in qui, le jour, faisait office de marché aux puces, et la nuit se transformait en arène aux multiples écrans projetant différents films simultanément. Pour un immigrant et un New-Yorkais, me retrouver dans un tel endroit, c’était comme assister à un rituel typiquement américain.
J’ai sorti de la voiture mon Rolleiflex 6×6 et mon trépied, et j’ai commencé à travailler. Photographier sur film, c’était accepter des contraintes qui allaient devenir, par la suite, la force de la série. Installer un trépied dans un drive-in n’était pas chose facile : un soir, un agent de sécurité m’a arrêté, pensant que je filmais pour faire des copies pirates. Il m’a finalement laissé continuer, ayant reconnu l’appareil — son père en utilisait un lorsqu’il était enfant pour prendre des photos de famille.
Les longues poses sur film donnaient au processus un caractère improvisé. Je n’avais aucun contrôle sur ce qui apparaissait à l’écran ; chaque image devenait une composition imprévisible de temps et de lumière. Ces expositions ne saisissaient pas seulement l’image en mouvement, mais aussi le passage du temps lui-même.
Ces images enregistrées — ce temps enregistré, en réalité — dégagent souvent un sentiment profond et mystérieux, comme si les figures ou les abstractions qui y surgissent provenaient d’un inconscient collectif. D’étranges superpositions de lumière apparaissent, où des visages émergent et se dissolvent dans des nuages de clarté. Sur fond de ciel hivernal et nuageux de Floride, un continuum singulier s’est formé : un jeu entre ciel et écran, où les voitures disparaissent dans l’ombre et les écrans semblent flotter sur une mer métallique.
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The drive-in movie theater — where America’s love of cars and cinema once came together — is slowly disappearing.
I photographed this series over the span of a week during a short vacation in Florida. I had stumbled upon a vast drive-in megaplex that doubled as a flea market by day and, at night, transformed into an arena of multiple screens projecting different films simultaneously. For an immigrant and a New Yorker, finding myself in this place felt like witnessing a quintessentially American ritual.
I took my Rolleiflex 6×6 and tripod out of the trunk and began to work. Shooting on film meant embracing limitations that later became the strength of the series. Setting up a tripod in a drive-in was not easy; at one point, a security guard stopped me, assuming I was making bootlegs. He relented only when he recognized the camera — his father had used one to take family pictures.
Long exposures on film gave the process an improvisational character. I had no control over what was projected on the screens; each frame became an unpredictable collage of time and light. These exposures recorded not only the moving image but the passage of time itself.
These recorded images — recorded time, really — often carry a deep, mysterious feeling, as if the figures or abstractions emerged from a collective subconscious. Intriguing superimpositions of light appear, where faces surface and dissolve in clouds of illumination. Against the cloudy Florida winter sky, a strange continuum was captured — an interplay of sky and screen, where cars recede into shadow and the screens seem to float in a metallic sea.
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La série Drive-In
Le cinéma en plein air — ce lieu où l’amour américain des voitures et du cinéma se rejoignait autrefois — est en train de disparaître.
J’ai réalisé cette série en l’espace d’une semaine, au cours de courtes vacances en Floride. Je suis tombé par hasard sur un immense complexe de drive-in qui, le jour, faisait office de marché aux puces, et la nuit se transformait en arène aux multiples écrans projetant différents films simultanément. Pour un immigrant et un New-Yorkais, me retrouver dans un tel endroit, c’était comme assister à un rituel typiquement américain.
J’ai sorti de la voiture mon Rolleiflex 6×6 et mon trépied, et j’ai commencé à travailler. Photographier sur film, c’était accepter des contraintes qui allaient devenir, par la suite, la force de la série. Installer un trépied dans un drive-in n’était pas chose facile : un soir, un agent de sécurité m’a arrêté, pensant que je filmais pour faire des copies pirates. Il m’a finalement laissé continuer, ayant reconnu l’appareil — son père en utilisait un lorsqu’il était enfant pour prendre des photos de famille.
Les longues poses sur film donnaient au processus un caractère improvisé. Je n’avais aucun contrôle sur ce qui apparaissait à l’écran ; chaque image devenait une composition imprévisible de temps et de lumière. Ces expositions ne saisissaient pas seulement l’image en mouvement, mais aussi le passage du temps lui-même.
Ces images enregistrées — ce temps enregistré, en réalité — dégagent souvent un sentiment profond et mystérieux, comme si les figures ou les abstractions qui y surgissent provenaient d’un inconscient collectif. D’étranges superpositions de lumière apparaissent, où des visages émergent et se dissolvent dans des nuages de clarté. Sur fond de ciel hivernal et nuageux de Floride, un continuum singulier s’est formé : un jeu entre ciel et écran, où les voitures disparaissent dans l’ombre et les écrans semblent flotter sur une mer métallique.
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